Funèbres T3 - Fin de contrat by Rachel Caine

Auteur:Rachel Caine [Rachel Caine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
Publié: 2015-10-02T04:00:00+00:00

Chapitre 8

C’était beaucoup trop risqué de faire du stop… Pas à cause des dangers redoutés par les générations nées après les années 1970, mais parce que Bryn savait qu’elle exposerait ceux qui la prendraient à leur bord – des innocents, comme Lonnie – à la torture et à la mort, et elle s’était juré que cela ne se reproduirait plus. Pas si elle avait le choix. Elle se rabattit donc sur sa bonne vieille technique éprouvée, sautant à l’arrière du tracteur de semi-remorques quand les camions ralentissaient pour se mêler à la circulation à chaque bretelle d’autoroute en direction du nord. Ce n’était qu’une question d’équilibre et d’endurance. Mais elle n’avait pas à se plaindre ; les routes étaient plutôt bien entretenues, les vents pas trop violents, bien qu’elle dût se protéger les yeux pour éviter le dessèchement. Quelques voitures la remarquèrent, l’obligeant à changer de monture dès qu’elle repérait un conducteur ou un passager qui la regardait avec stupeur. Le mieux qu’elle trouva fut un camping-car gigantesque, suffisamment spacieux pour pouvoir prétendre aux allocations logement, sur lequel elle voyagea à plat ventre. Elle piqua même un roupillon sous le soleil, mais fut tirée du sommeil par ses rêves. D’horribles cauchemars.

Elle abandonna le toit du camping-car dans une aire de service très fréquentée par les routiers, où elle se sentit enfin suffisamment en sécurité pour activer le transmetteur. Elle eut l’impression de franchir un point de non-retour quand elle appuya sur le bouton du dispositif, mais elle chassa ses mauvais pressentiments en s’offrant un gros hamburger à peine cuit, des frites et une boisson fraîche. Incroyablement décadent. Ne sachant pas combien de temps il lui faudrait attendre, elle fit durer le plaisir, sa casquette enfoncée sur les yeux pour dissimuler son visage au cas où il y aurait des caméras. Ses cheveux, qu’elle n’avait pas lavés depuis un certain temps, étaient ternes et plats, décoiffés par le vent, mais elle les laissa en l’état. Mieux valait passer pour une baroudeuse crasseuse, quand bien même ça ne tromperait pas un logiciel de reconnaissance faciale si elle avait la malchance d’être filmée. Elle fit l’acquisition d’un livre dans la boutique de la station-service et était donc plongée dans une histoire de fantasy épique quand un homme se glissa en face d’elle dans le box où elle était installée.

L’espace d’une fraction de seconde, elle ne le reconnut pas, et passa instinctivement en état d’alerte maximale avant de comprendre que c’était Patrick, le visage à moitié caché par une barbe drue et des ecchymoses. Il était… salement amoché. Ce fut un choc pour elle, entièrement remise de l’explosion d’une foutue bombe artisanale alors qu’il souffrait encore des blessures reçues lors de leur premier vrai combat. Si elle avait eu besoin d’une preuve de leur différence, celle-ci était physiquement inscrite dans leurs corps.

Il s’en rendait compte également, même s’il ne pouvait pas savoir les épreuves qu’elle avait dû affronter, et il lui adressa un demi-sourire en secouant la tête.

— Je vais bien, affirma-t-il, penché en avant, les coudes posés sur les genoux.

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